33 monocoques ont pris le départ de la 9ème édition du Vendée Globe le 8 novembre dernier. Même si la course n’est pas encore terminée à l’heure où nous écrivons ces lignes, nous savons déjà que les conditions de navigation ont été particulièrement rudes, poussant les performances des bateaux jusqu’à leurs dernières limites ! 

vendee globe 2020

Crédit photo : Yvan Zedda/Alea

Comme à chaque édition du Vendée Globe des avaries et abandons

La liste des incidents, avaries et abandons de cette année est importante… mais c’est un « mal nécessaire ». En effet, c’est l’expérience accumulée sur la résistance des bateaux qui permet de faire avancer la technique et d’améliorer les modèles suivants. Sans échecs, pas de progression possible. 

Toutefois, les points de vue sont partagés sur la question. Faire avancer la recherche coûte que coûte pour produire des IMOCA toujours plus performants et plus chers ou miser sur la fiabilité d’anciens modèles qui ont fait leurs preuves ? Réactions à chaud en attendant l’arrivée des derniers concurrents de cette édition 2020-2021 riche en émotions.

Foilers de dernière génération vs. monocoques à dérive classiques

Petit rappel : au sein de la classe des IMOCA, on distingue les monocoques dotés de foils (ailes immergées qui créent une force de portance pour améliorer la vitesse et la stabilité) et les bateaux à dérive droite. Les foilers sont de conception plus récente que les bateaux à dérive droite, les architectes et les marins ont donc moins d’expérience sur leur résistance. On sait que ces IMOCA battent des records de vitesse sur mer calme, mais que le risque de casse par gros temps est plus élevé : plus le bateau monte haut, plus il retombe dur…

Le point de vue de Jean Le Cam

D’où certaines réticences par rapport à ces bateaux de dernière génération : les foilers sont-ils vraiment adaptés à la course au large en conditions extrêmes, comme les navigateurs en ont particulièrement rencontré cette année sur le Vendée Globe ? Certains IMOCA à dérives ont été à l’avant de la course, notamment pendant la traversée du Pacifique, et se sont distingués à plusieurs reprise en tête du classement provisoire. Les performances en demi-teinte des foilers de dernière génération se sont confirmées à mesure que les consitions météo devenaient difficiles. Les navigations  toujours à l’avant de la course de 2 foilers de dernière génération, [Charlie DALIN sur APIVIA] et son sister ship [Thomas RUYANT sur LinkedOut], ont été peu récompensées (2ème et 6ème place au classement général)

Jean Le Cam rappelle que c’est un foiler de première génération qui a remporté ce 9ème Vendée Globe [Yannick BESTAVEN Maître CoQ IV], suivi quelques heures après seulement par quatre bateaux à dérive droite âgées de plus de 10 ans. Selon lui, placer au départ du Vendée Globe des bateaux qui n’ont pas eu le temps d’être bien fiabilisés ou qui nécessittaient des budgets colossaux pour se préparer à une course aussi difficile, c’est comme faire rouler “des Formule 1 dans les dunes du Paris-Dakar”.

Le point de vue de Michel Desjoyeaux

Les expériences accumulées en course permettent de faire avancer la R&D sur les foilers pour s’approcher de l’équilibre parfait entre légèreté et solidité. Le but est d’atteindre le point de convergence optimal entre hydrodynamisme et aérodynamisme, ce qui n’est pas encore le cas aujourd’hui.

“Je ne connais personne, architecte, calculateur, constructeur, équipe, skipper, qui n’ait jamais fait d’erreur. Cependant, je ne souscris pas au discours du « c’est de la faute de l’autre », chacun a sa part de responsabilité, un peu comme la gestion de la pandémie actuelle. Un bateau est le produit d’un travail d’équipe. Contrairement à ce que j’entends parfois, on ne fait pas des bateaux pour qu’ils cassent, mais comme on fait de la compétition, on va chercher « les bords de la limite », au risque d’aller trop loin. Nelson Mandela disait « je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends ». Je trouve que cela s’applique très bien aujourd’hui. En course au large, on continue d’apprendre, individuellement et collectivement, et de grâce, ça va continuer !”, a-t-il déclaré au Télégramme.

Et vous, de quelle école êtes-vous ? Dites-nous ce que vous en pensez dans les commentaires !